Loin de l’image « cheap » qu’il semble parfois véhiculer, l’aluminum est l’un de ces nouveaux matériaux du XXième siècle qui fascina les designers des années 30, 50 et 60 et participa à la création d’objets cultes.
L’aluminium est le minerai le plus abondant de la couche terrestre et le métal non-ferreux le plus utilisé. Il représente en moyenne 8% de la masse des matériaux de la surface solide de notre planète. On ne le trouve pas dans la nature sous sa forme métallique, mais il est présent dans la plupart des minéraux. Découvert par Humphrey DAVY en 1807, il ne sera isolé pour la première fois qu’en 1825 par Hans Christian Orsted. Présenté au grand public à l’exposition de Paris en 1855, il demeure à l’époque très onéreux à extraire.
En 1886, l’énergie électrique devient exploitable à grande échelle pour un coût raisonnable. La méthode commerciale de production de l’aluminium est découverte simultanément par Charles Martin HALL et Paul Louis TOUSSAIN HEROULT. Leur procédé de fabrication par électrolyse permet pour la première fois de commercialiser l’aluminium à bas prix.
La production annuelle mondiale augmente considérablement passant de 17 tonnes en 1886 à 7200 tonnes en 1900.
Dans les années 30, la révolution est en marche et les designers se mettent à utiliser de nouveaux matériaux tels que le métal tubulaire, le contreplaqué thermoformé, le métal chromé. L’aluminium se développe davantage dans le design industriel ; surtout en Amérique. Ses qualités intrinsèques sont parfaitement adaptées à la réalisation de formes lisses et aérodynamiques qui séduisent les consommateurs.
Léger,résistant, malléable, non toxique, résistant à la corrosion, excellent conducteur thermique et électrique, l’aluminium se prête à de nombreuses utilisations. L’aluminium (en alliage), peut-être coulé, pressé, faconné, usiné, laminé en très fines feuilles, tissé et extrudé sous formes de tubes et autres formes creuses.
Ce matériau fut largement employé durant la seconde guerre mondiale pour l’aménagement des véhicules militaires et des avions de combats.
Profitant des stocks abondants des années 1940 et 1950, les designers séduits par ses qualités l’utilisèrent de façon récurrente après-guerre.
A titre d’exemple, née en 1944, la « NAVY CHAIR 1006 » fut probablement la première icône du design entièrement construite en aluminium. Concue pour répondre aux besoins de la marine américaine, capable de supporter une charge de 500 kilos, elle va traverser tous les océans du globe jusqu’aux années 70. Elle a aujourd’hui gagné les intérieurs et les plateaux de cinéma pour devenir une chaise iconique.
A la fin des années 50, un autre couple mythique du design ; Charles et Ray EAMES, développèrent plusieurs modèles emblématiques de fauteuils et de tables avec des piétements en aluminium ou fonte d’aluminium. C’est le cas des fauteuils GROUPE ALU (1958), table SEGMENT (1958), le fauteuil LOBBY CHAIR (1960), sièges LA FONDA (1961) et sièges SOFT PAD (1969).
Autre modèle iconique des années 50, la table et les sièges TULIPE d’EERO SAARINEN possèdent un pied monobloc en fonte d’aluminium.
Plus récent, le presse-agrumes JUICY SALIF de Philippe STARCK est également entièrement en fonte d’aluminium.
Le petit plus vintage : on soulignera la très belle patine d’un aluminium ancien, qui se remarquera lorsque la matière est restée à nu. Contrairement à un métal chromé, le temps et l’usage patinent l’aluminium et le rendent encore plus attractif !
Sources :
« LE MOBILIER » de Judith Miller 2006
« LE MOBILIER INDUSTRIEL » de Brigitte Durieux 2009
« DESIGN HANDBOOK ; concepts matérieux styles » de Charlotte et Peter Fiell 2006